Equilibre et stabilité du corps.
Si vous n’arrivez pas à enfiler vos chaussettes ou votre pantalon, sans vous asseoir ou vous appuyer contre un support, cet article est pour vous !
Nous ne prétendons pas dans cet article répondre aux multiples pathologies entraînant des perturbations de l’équilibre, mais nous allons voir combien, par le biais d’exercices mis en place par Antalgym, nous pourrons réduire ou prévenir les conséquences fâcheuses de ces pertes d’équilibre qui ne cessent de croître au fil de la vie.
Equilibre :
L’équilibre est la capacité du corps à se maintenir en statique ou en dynamique sur la verticale et fait ainsi défi à la pesanteur qui nous plaquerait au sol. C’est aussi la capacité que nous avons de percevoir notre position dans l’espace quelle qu’elle soit. Nous savons par là même si nous sommes assis, debout, vertcaux ou penchés.
De plus, un bon équilibre et une bonne stabilité permettront de gérer la bonne coordination de nos mouvements.
Enfin, l’équilibre permet de répondre à une situation inattendue de déséquilibre brutal du corps et ainsi éviter les chutes dont on connaît les conséquences graves chez les personnes âgées.Toutes ces possibilités de perception se font grâce aux différents récepteurs qui envoient des informations au système nerveux.
Voyons maintenant les récepteurs qui interviennent dans cette fonction d’équilibre :
1. L’oreille interne
Au niveau de l’oreille interne, le centre de l’équilibre se trouve dans le vestibule, véritable labyrinthe de canaux circulaires orientés dans tous les plans de l’espace. Ils sont remplis d’un liquide visqueux qui, lors du mouvement de la tête et du corps, se déplace et met en pression ou dépression les parois de ces canaux où se trouvent les cellules ciliées. Celles-ci enverront vers le système nerveux des informations sur les mouvements et la position de notre corps.
On comprendra que toute dégradation progressive de l’oreille interne privera le cerveau de toutes ces informations et qu’il devra de ce fait, surdévelopper le codage d’information venant d’autres sources pour assurer notre équilibre.
2. La vision
Elle joue un rôle majeur dans le repérage de notre corps dans l’espace. Elle nous situe par rapport aux lignes verticales et horizontales. Dans nos déplacements, la vision nous permet de situer notre corps par rapport aux objets fixes qui nous entourent. Notre cerveau est formaté depuis la petite enfance au codage et à la gestion de ces informations. Et tout comme pour l’oreille interne, si notre vision diminue, le cerveau se trouvera privé d’informations fort utiles au maintien de l’équilibre et devra s’orienter sur d’autres sources.
3. Le toucher
Par le biais du toucher, la zone de réception des informations de l’équilibre se situe au niveau de la plante du pied. Ainsi lorsque vous vous penchez en avant, vous exercez une pression plus forte sur l’avant-pied, si vous vous penchez à droite vous exercez une pression sur le bord externe du pied droit et le bord interne du pied gauche…
Ces modifications de pression/dépression excitent les mécano-cellules qui informent ainsi notre cerveau de la position de notre corps dans l’espace, ainsi que de son déplacement. Nous pensons qu’elles représentent une source majeure d’informations en cas de déséquilibre brutal. Là aussi, nous pouvons conclure que si les articulations du pied et de la cheville perdent leur souplesse ou si la voûte plantaire est largement modifiée (pied plat ou creux), les zones de contact au sol (toucher) ne joueront plus un rôle aussi précis, le cerveau n’aura que des informations tronquées et perdra son efficacité de réaction au déséquilibre.
4. La proprioception
Facteur important de renseignement sur la position du corps dans l’espace et l’ajustement de nos mouvements pour notre système nerveux, elle trouve son siège dans les muscles et dans les zones périarticulaires au travers des tendons, des ligaments de la capsule articulaire. Les récepteurs se présentent sous forme de fuseaux neuromusculaires et de cellules à ressort qui réagissent à l’étirement et envoient des informations à notre système nerveux central, afin qu’il gère l’équilibre de notre posture et le jeu harmonieux de nos mouvements. Lors d’un étirement brutal, par exemple sur un déséquilibre, l’information sera traitée par la voie du réflexe myotatique dont la réponse sera donnée par la seule moelle épinière.
De la même manière nous pouvons penser qu’au fil de la vie, du fait de la perte progressive de l’excitabilité, de la réactivité de nos récepteurs proprioceptifs et de l’élasticité des muscles et des tissus périarticulaires, la réponse au déséquilibre sera ralentie, arrivera trop tard, et ce sera la chute inévitable.
Notre système nerveux, cerveau et moelle épinière, recevra ainsi une somme d’informations venant de ces différentes sources. Il va traiter ces informations, les gérer, les coder, les réguler et donnera les réponses appropriées à la situation de notre corps : le maintien et la perception de notre verticalité et de nos différentes postures dans l’espace, la gestion de nos mouvements, et surtout le rattrapage de situations de déséquilibre brutal auxquelles nous pouvons être soumis.
Comme nous l’avons vu précédemment, l’intelligence du cerveau va lui permettre de compenser une déficience de ses sources d’information en développant la finesse de celles restant valides. Ceci explique que lors des séances d’Antalgym, chacun d’entre nous sera plus ou moins perturbé dans nos exercices d’équilibre selon qu’il ferme les yeux (vision), qu’il bouge la tête dans toutes les directions (oreille interne), qu’il se mette sur la pointe des pieds (problème statique du pied) ou qu’il a des troubles musculo-squelettique avérés.
Bien que notre cerveau puisse compenser ces manques, comme toutes les autres fonctions du corps, l’équilibre décline de façon progressive et inconsciente et il sera toujours bénéfique de s’intéresser au problème le plus tôt possible.
Nous avons vu que lors d’une difficulté d’équilibre, nous avions tendance naturellement à prendre un appui ou à nous asseoir. Il existe une autre compensation qui consiste à rapprocher du sol le centre de gravité du corps, ainsi les courbures de la colonne vertébrale (cyphose, lordose) s’accentuent, les genoux se fléchissent légèrement ; d’ailleurs vous constaterez qu’il sera plus difficile de faire les exercices d’équilibre d’Antalgym si vous vous redressez en auto-grandissement. C’est aussi pour cette raison que le corps perd de la hauteur au cours de la vie, par le rapprochement du centre de gravité vers le sol.
Voyons maintenant comment la perturbation progressive de notre équilibre interfère sur notre marche.
La marche nous met en situation de déséquilibre permanent lors du passage du pas, puisque nous nous retrouvons en appui sur un seul pied. Observez un adolescent marcher, il fera des pas de grande amplitude (environ 70 cm).
La première solution pour répondre à notre instabilité à la marche serait d’accélérer le pas et ainsi diminuer la durée de l’appui unipodal (on tient plus facilement sur un vélo si on roule à bonne allure plutôt que très lentement). Cette solution efficace et logique présente l’inconvénient d’une chute plus violente en cas de déséquilibre.
Nous préférons donc raccourcir la longueur du pas afin d’en réduire la durée d’instabilité unipodale.
L’autre solution est d’augmenter notre polygone de sustentation en ouvrant les pieds vers l’extérieur et en les écartant l’un de l’autre. Au final, certaines personnes âgées en arrivent à ne plus lever les pieds pour marcher et les font glisser au sol, solution efficace puisqu’il n’y a plus d’appui sur 1 seul pied, mais ô combien dangereuse dans le cas où l’on bute sur une aspérité (tapis…) entraînant inévitablement la chute.
Enfin, Nous allons voir comment l’enraidissement de nos muscles, de nos fascias et de nos articulations sera un facteur d’aggravation de notre perte d’équilibre.
Si vous posez au sol et à la verticale un bâton et que vous donnez une petite impulsion sur celui-ci, par la rigidité du bois l’impulsion va se transmettre directement à sa base et le faire chuter. En revanche si vous posez à la verticale un objet de structure souple, l’impulsion que vous donnerez sur celui-ci sera absorbée par l’élasticité de l’objet, en le déformant, qui restera stable sur sa base.
Cet exemple nous permet de mieux comprendre combien une personne âgée enraidie qui bute contre quelque chose ne peut éviter la chute, surtout si les autres sources d’informations de l’équilibre citées au-dessus sont diminuées.
Là intervient tout l’intérêt de la méthode Antalgym qui travaille, dans sa grande majorité d’exercices, la souplesse du corps.
Les solutions :
Bien sûr, il faut laisser aux spécialistes les problèmes liés à la vision et à l’oreille interne ainsi que les problèmes aigus ou chroniques de vertiges ou d’instabilité dont les origines peuvent être multiples ; mais Antalgym pourra au travers de ses exercices agir en prévention et en amélioration sur la proprioception, le pied et la raideur global du corps. Ces exercices consistent en des postures d’assouplissement sur l’ensemble du corps, sur des respirations profondes, et en un travail spécifique de l’équilibre pratiqué près d’un appui, en sécurité pour les élèves. Suivant la compétence de chacun, nous demandons aux élèves durant l’exercice en auto-grandissement et sur une respiration libre, de fermer les yeux, de tourner la tête dans toutes les directions, de se mettre sur la pointe des pieds ou sur les talons, afin de renvoyer à la proprioception et au toucher du pied au sol la capacité de gérer le déséquilibre.
Voici un exercice pratiqué lors des séances d’Antalgym :
En position debout, pieds joints, de profil droit par rapport au mur, la main posée sur celui-ci, vous avancerez le pied droit d’un bon pas, vous corrigerez votre posture dans un auto-grandissement (décambré, épaules basses et reculées, tête reculé, poids réparti sur les deux pieds), les jambes restent allongées. Une fois stabilisé, vous lâcherez le mur (sollicitation de tous vos récepteurs). Après avoir reposé la main au mur, vous lèverez l’avant du pied droit (en appui sur le talon) et l’arrière du pied gauche (en appui sur la pointe du pied). Une fois stabilisé, vous lâcherez le mur, puis lorsque vous le ressentirez, vous fermerez les yeux (suppression de la vision au profit des autres récepteurs), le but étant de maintenir son équilibre pendant 1 minute. Enfin, si cela vous paraît simple vous pourrez tourner la tête de droite à gauche, du haut vers le bas, puis la tourner dans tous les sens (travail spécifique sur la proprioception et le toucher). N’oubliez pas votre respiration qui doit être libre et sans blocage. Faites ensuite l’autre côté !
Conclusion :
Loin de vouloir faire de nos élèves des funambules, cet article a pour objectif de faire prendre conscience à chacun du besoin essentiel de prendre son corps en charge au plus tôt afin de maintenir au mieux et pour longtemps son confort, son bien-être et sa stabilité.
René Adamski