LES FONDAMENTAUX DE LA SOUPLESSE (PARTIE 2)
Par René Adamski, kinésithérapeute, fondateur et formateur Antalgym
Chaines mécaniques
Étudions à présent les chaines mécaniques fonctionnelles dans les mouvements combinés. Prenons l’exemple d’une situation où vous souhaitez vous retourner pour regarder derrière vous. La norme voudrait que l’on sollicite les yeux, la colonne cervicale et dorsolombaire, le bassin, les membres inférieurs, en rotation de façon harmonieusement repartie. Si parmi celles-ci, pour des raisons locales, une zone s’est enraidie, nous solliciterons toujours les zones restées souples, sans nous en rendre compte.
Ainsi, la zone raide reste enraidie, sachant qu’à terme les zones souples finiront
elles aussi par perdre de l’amplitude.
Finalement, certaines personnes enraidies dans l’ensemble de la chaine mécanique feront un demi-tour pour regarder derrière elles. Il s’agit encore d’une adaptation du corps à sa perte de mobilité.
Prenons maintenant l’articulation dans un contexte global de chaine mécanique, définie comme un ensemble de plusieurs articulation pris dans un même mouvement fonctionnel. L’amplitude physiologique de l’articulation de la cheville en dorsiflexion est d’environ 20° genou fléchi. Si nous mettons cette articulation en suite mécanique avec le genou allongé, elle perd la moitié de son amplitude, de par la diminution d’élasticité des muscles jumeaux. Si nous la mettons en chaine mécanique avec un genou allongé et une hanche fléchie, elle perd la quasi-totalité de sa mobilité en dorsiflexion de par la rétraction des fascias postérieurs. D’où l’intérêt de travailler la souplesse en posture globale.
Nous pouvons faire la même démonstration sur la perte de souplesse du poignet en flexion/extension
ou des doigts suivant le positionnement de l’épaule ou des cervicales.
En conclusion, sans être assoupli, un muscle, un fascia ou une chaine mécanique ne peuvent que
poursuivre leur enraidissement, rendant le mouvement difficile et douloureux au fil du temps.
Conséquences au plan mécanique
Étudions à présent les chaines mécaniques fonctionnelles dans les mouvements combinés. Prenons l’exemple d’une situation où vous souhaitez vous retourner pour regarder derrière vous. La norme voudrait que l’on sollicite les yeux, la colonne cervicale et dorsolombaire, le bassin, les membres inférieurs, en rotation de façon harmonieusement repartie. Si parmi celles-ci, pour des raisons locales, une zone s’est enraidie, nous solliciterons toujours les zones restées souples, sans nous en rendre compte.
Vous pouvez consulter l’article sur le mécanisme d’apparition de l’arthrose sur le site d’Antalgym, mais je vais vous refaire un petit résumé ici. En dehors des causes génétiques ou des causes biochimiques au niveau du cartilage lui-même, l’arthrose apparaît au plan mécanique pour 2 raisons essentielles :
- La première est une désaxation physiologique de l’articulation liée à une rétraction asymétrique des muscles
- La deuxième est due à un excès de rétraction et de tension de l’ensemble des muscles périphériques de l’articulation, qui enchâsse les os l’un dans l’autre et augmente le frottement lors du mouvement, favorisant ainsi l’usure du cartilage. Les 2 phénomènes pouvant être d’ailleurs combinés.
Prenons exemple de l’articulation de la hanche, le fémur venant s’articuler avec le bassin. En position debout physiologique, le fémur est vertical et le bassin est horizontal, ce qui donne un axe articulaire bien précis au niveau de l’articulation coxo-fémorale. Imaginons à présent la rétraction des muscles fléchisseurs de hanche qui vont entraîner le bassin en antéversion et désaligner l’articulation entre le fémur et le bassin, avec un appui au niveau du cotyle qui va être diminué, d’où une usure prématurée.
Cette usure pourrait être augmentée si les muscles postérieurs du bassin, les grands fessiers entre autres, se tendent et se contractent pour empêcher cette chute en avant, et cette contraction créera un enchâssement supplémentaire du fémur dans le bassin qui viendra augmenter cette usure. On est sur une mécanique évidente de l’apparition à terme de l’arthrose de la hanche (coxarthrose).
La désaxation en hyperlordose des vertèbres lombaires associée au tassement vertébral seront également à l’origine de l’apparition d’arthrose.
En dehors de l’arthrose, la perte de souplesse pourra entrainer des tendinites. Au niveau de l’épaule, les mouvements prédominants en force se font vers la fermeture, ceci entrainera une antéposition de l’épaule par la rétraction des muscles antérieurs. Si nous y associons une cyphose dorsale entrainant l’omoplate en dehors et en avant, dans ce contexte les mouvements latéraux du bras se feront dans une désaxation des tendons de la coiffe des rotateurs entrainant à
terme une inflammation voire même une rupture.
L’articulation, par sa désaxation, souffrira également de périarthrite. Tout travail postural d’assouplissement vers l’ouverture de l’épaule sera préventif ou curatif à ces problèmes.
Enfin, dans la méthode Antalgym, les crampes trouvent une de leur origine dans la rétraction musculaire. En effet, dans un contexte de rétraction musculaire associé à un raccourcissement par une contraction, le muscle pourra se mettre en crampe par hypoxie, car la circulation intramusculaire s’en trouvera fortement diminuée. Pour preuve, vous ferez passer une crampe en étirant le muscle concerné comme chacun le sait.
Conséquences au plan de notre morphologie
Chacun pourra constater que nous perdons en taille à partir d’un certain âge, jusqu’à 15 ou 20 cm. Beaucoup attribuent cette perte de hauteur à un tassement discale, ce qui est en partie vrai, mais aussi à un manque de force des muscles érecteurs de la colonne vertébrale, ce qu’Antalgym conteste. En effet, s’il s’agissait de cela nous pourrions par simple traction au niveau de la tête retrouver tout ou en partie la hauteur perdue, faites-en l’expérience, il n’en ait rien.
Pour Antalgym, c’est une évidence, cette perte de hauteur est due à l’augmentation des courbures
vertébrales.
Cette augmentation ayant pour origine la rétraction progressive des muscles et des fascias. Citons de façon non exhaustive les psoas-iliaques, les muscles antérieurs de la cuisse, les paravertébraux lombaires (plus la corde d’un arc se raccourci, plus l’arc se cambre). Citons également la rétraction du diaphragme et de ses piliers, les muscles du rachis cervical postérieur mais aussi les muscles scalènes, etc. L’ensemble de ces muscles, par leur rétraction, aura tendance à nous tasser sur la verticale. Vous pourrez faire référence à l’article sur la posture déjà présent sur le site.
Au niveau de la main, la suprématie des muscles fléchisseurs des doigts par rapport aux extenseurs
entrainera une attitude spontanée en fermeture de la main, qui s’accentuera au fil du temps.
Au niveau du pied, la déformation des orteils sera, de façon flagrante, liée à une rétraction des muscles
et de leur enveloppe. L’articulation métatarso-phalangienne se déformera vers l’extension, tandis que
l’interphalangienne proximale se déformera vers la flexion. Les orteils se retrouvent ainsi en « griffe »
vers le bas sur leurs extrémités et tractés vers le haut à leur base. Ceci aura pour effet de raccourcir la
longueur du pied, d’effondrer l’arche antérieur et de rendre difficile le port des chaussures. Ce
phénomène est aggravé par le port de talons hauts (Cf article sur le site).
En résumé, notre attitude morpho-statique se dégrade sous l’effet de la rétraction
musculo-aponévrotique. Tout travail en étirement préviendra cette dégradation.
Conséquences au plan de la respiration
Les muscles inspirateurs, comme tous les autres muscles du corps, se rétractent et perdent de leur souplesse. L’expiration se fait par le relâchement de ces muscles inspirateurs, l’expiration s’en trouvera de plus en plus incomplète, nous aurons donc une quantité d’air stagnant qui augmentera de façon préjudiciable pour le bon fonctionnement cardiovasculaire, digestif, etc. Vous trouverez sur le site Antalgym un article détaillé sur la respiration.
En dehors des exercices spécifiques à la respiration, afin d’améliorer ce phénomène, toutes les postures d’Antalgym se font sur une expiration libre et complète.
Conséquences au plan de l’équilibre
La raideur articulaire et musculaire associée à une rigidité, par la peur de tomber ne pourra à terme que limiter notre réactivité aux déséquilibres. Les chutes se feront de façon lourde et massive et n’en seront que d’autant plus graves.
La perte de souplesse progressive entraîne une rigidité globale au niveau du corps qui empêche celui-ci de rattraper un déséquilibre, favorisant par la même la chute et ses conséquences.
Vous pourrez vous référez à l’article sur l’équilibre, sur le site d’Antalgym.
Les conséquences au plan psychologique
Les mouvements de notre activité quotidienne se trouveront contraints par la perte d’amplitude et par les douleurs qu’elle entraine à terme. Ceci limitera notre activité, et cette limitation ne fera qu’aggraver la situation.
Le stress, les émotions entrainent une hypertension musculaire favorisant l’enraidissement, lesquelles auront des répercutions psychologiques. Ainsi s’installe un cercle vicieux qu’il faudra rompre le plus tôt possible.
Nous avons noté combien nos élèves, après quelque mois de pratique d’Antalgym, sont heureux de pouvoir pratiquer certaines activités qui leur étaient devenues difficiles voire impossible. Il est bien évident que leur moral s’en trouvera amélioré, et cela aura également un impact sur le plan social.
Nos solutions
Après avoir vu les causes et les conséquences de l’enraidissement musculaire, voyons à présent comment maintenir ou retrouver sa souplesse.
La première solution serait, depuis la naissance ou la petite enfance, d’amener de façon hebdomadaire, toutes les articulations du corps, chaines mécaniques et fascias dans leur amplitude maximale. Grace à ce travail préventif nous empêcherions les conséquences fâcheuses de l’enraidissement sur le système musculosquelettique et d’autre fonctions du corps.
La deuxième solution sera de récupérer la souplesse perdue sachant que plus nous commençons jeune, plus le résultat s’obtiendra facilement. Bien entendu, nous pouvons à tout âge, même avancé, gagner en souplesse et en confort.
Antalgym a mis au point une centaine de postures qui répondent à
l’assouplissement de la quasi-totalité des muscles, fascias, chaines mécanique et
articulations du corps.
Qu’est-ce qu’une posture pour Antalgym ?
C’est un mouvement arrêté et maintenue dans l’amplitude maximale. La posture est une position du corps, arrêtée dans son mouvement d’amplitude maximale possible.
Les postures peuvent être :
- Simples, si elles concernent un mouvement dans un plan de l’espace, par exemple une inclinaison vertébrale
- Combinées, si elles concernent plusieurs plans de l’espace, par exemple une inclinaison, rotation, et flexion de la colonne vertébrale
- Globales, elles concernent l’ensemble des articulations dans tous les plans de l’espace exigeant le respect du bon axe physiologique de celle-ci, c’est à dire en évitant toutes les compensations.
Le moteur du maintien de la posture se trouve, soit au niveau d’une contraction musculaire simple ou multiple, jusqu’à étirement ressenti des antagonistes, soit par le simple fait de la pesanteur. C’est la contraction des muscles agoniste du mouvement qui viendront étirer les muscles antagonistes au mouvement.
Pour étirer une ficelle, soit on tire de façon active aux deux extrémités, soit on fixe une extrémité et on tire de façon active sur l’autre. Il en sera de même dans nos postures d’étirement : soit chacune des deux extrémités de la zone à étirer s’éloigneront l’une de l’autre de façon active, soit nous maintiendrons fixe une extrémité, éloignant l’autre extrémité de façon active.
A noter que sur la zone que l’on étire, il se produit des compensations que nous corrigerons. Par exemple, lorsque nous assouplissons une élévation du bras, il se produira une cambrure lombaire et une élévation du massif scapulaire que nous corrigerons de façon active.
Pour être efficace sur la récupération de la souplesse, la posture doit être
maintenue avec un ressentie douloureux supportable, car c’est à ce moment-là
que nous ferons lâcher la rétraction.
Nous préférons agir sur la durée que sur la force d’étirement, limitant par la même la souffrance de l’étirement ainsi que les risques de déchirure.
Une posture non ressentie ne fera qu‘entretenir la souplesse sans la récupérer.
A noter qu’à la pratique des postures, d’anciennes douleurs peuvent réapparaitre. Ceci est dû au fait que le corps avait résolu cette douleur par un phénomène de compensation. Etant donné qu’Antalgym lève ces compensations, la douleur initiale peut parfois réapparaitre. Fort heureusement à terme, l’alignement articulaire et l’assouplissement viendra à bout de cette douleur.
Pour conclure, la perte de souplesse a des origines et des conséquences multiples. L’enraidissement musculaire touche tous les êtres humains, de l’athlète en recherche de performance à la personne âgée en perte d’autonomie. Il n’est jamais trop tard pour s’assouplir, mais l’idéal serait d’agir en prévention dans le but d’entretenir un bien-être physique-mental-social.